Henri GAUDIN : Il n’est pas un architecte qui écrit mais plutôt un écrivain qui bâtit, que ce soit avec le béton, la pierre ou les mots ; l’ouvrage d’Henri Gaudin débouche sur l¹espérance qui favoriserait l’ouverture d’esprits ».
Paul Virilio.
Henri GAUDIN, né en 1933, est un architecte de renommée internationale qui conçoit, à Soissons, son dernier projet. Il est un personnage hors du commun qui signe ses projets en s’étant imprégné du lieu dans lequel il sera construit. La Cité de la Musique et de la Danse de Soissons fait face à l’abbaye Saint-Jean-des-Vignes et en est l’écho.
Henri GAUDIN a réalisé en France de nombreux équipements publics : conservatoire, médiathèque, stade Charléty à Paris, université, logements…
"L'intelligence du projet d'Henri Gaudin, c'est d'abord sa capacité à dialoguer autant avec les bâtiments de la caserne (augmentés d'un niveau dans le projet de JM Wilmotte) qu'avec les hautes tours de Saint-Jean-des-Vignes. En effet, il inscrit une volumétrie simple dont la hauteur est en rapport avec les rives des bâtiments avoisinants, tandis qu'elle se relève en gradins vers son axe, déployant au passage la subtilité à laquelle l'architecte nous a habitués dans le tracé des ouvertures et les jeux de variation des échelles. Mais ce projet se distingue surtout par des volumes en demi-ogives inversées contenant les salles de danse et éclairant le grand espace vertical d'une rue intérieure donnant accès en rez-de-chaussée aux salles ouvertes au public : auditorium, salle d'art dramatique, salle d'orchestre,ainsi qu'aux fonctions majeures des étages. Ce traitement architectural en contrepoint de Saint Jean-des-Vignes, qu'il évoque sans tenter de rivaliser (ce qui serait évidemment hors propos), offre une originalité et une justesse certaines à ce projet."
Membre du jury.https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&x-yt-ts=1422411861&x-yt-cl=84924572&v=uV5sKf2QyZI
La Cité de la Musique et de la Danse est située au coeur du Parc GOURAUD, (conception WILMOTTE&Associés), à la charnière entre les sites historiques et les boulevards de Soissons.
État initial du terrain et de ses abords
L’aménagement du Parc GOURAUD met en place une composition architecturale intégrant le patrimoine bâti existant autour d’un axe central. Les façades contemporaines des bâtiments tertiaires constituent une continuité de part et d’autre d’une esplanade.
La parcelle définie pour l’implantation de la Cité de la Musique et de la Danse est fixée sur ses trois côtés nord, ouest et sud par l’allée des Nobels, l’allée Claude Debussy et l’allée Georges Charpak respectivement. Elle se situe à l’extrémité d’une esplanade plantée, bordée de fosses végétalisées.
L’esplanade, établie face à Saint-Jean-des-Vignes, est logée en co-visibilité avec les tours de l’abbaye Saint-Jean-des-Vignes. La limite est de la parcelle donnant sur l’esplanade est définie par l’emprise du projet de la Cité de la Musique et de la Danse.
Insertion du projet
La définition de la parcelle conduit à limiter l’intervention à l’emprise du bâtiment. Il n’y a donc pas d’aménagement extérieur dans le cadre de ce projet. Cependant, l’espace public devant la façade est, ouvrant sur l’esplanade, accueille deux bassins.
Le projet s’insère dans un site étendu faisant écho à l’abbaye Saint-Jean-des-Vignes. Il s’agit donc de s’accorder avec cet édifice gothique exceptionnel, tant par son architecture que par une histoire, qui a fait de sa rosace occidentale un immense oculus.
«C’est en s’inspirant de cette architecture que nous en avons tiré les grandes lignes de composition du projet. L’élancement et la qualité de ses voûtements ont généré le tracé principal du bâtiment.» Henri Gaudin.
Implantée sur un axe est-ouest, dans le prolongement de l’abbaye et du tracé de l’ancienne caserne, la Cité de la Musique et de la Danse est traversée par une nef dont les parties hautes seront constituées d’arcs.
Une grande verrière s’étire selon ce même axe, recouvrant l’interstice médian entre les arcs et inondant de clarté la galerie au travers de laquelle s’articulent les deux entités principales du projet, à savoir : la salle de diffusion et le Conservatoire.
La mise en valeur de cet axe permet d’alléger l’ensemble de la composition de l’édifice et de lui donner un élan vertical faisant écho aux deux tours de l’abbaye. Cet axe de la parcelle, volontairement marqué, articule l’ensemble du projet.
Bien qu’elle reste équilibrée, l’articulation générale des volûmes qui composent cet édifice sait trouver une certaine dissymétrie, qui lui permet d’échapper à une organisation générale trop rhétorique.
Afin d’affirmer l’insertion dans le site réhabilité de l’ancienne caserne Gouraud, l’architecte a pris le parti de traiter ce parvis minéral en continuité de l’espace public.
Les bassins sont surplombés par la grande nef qui déploie ses arcs au dessus du niveau du parvis et encadrent l’entrée de la façade est. La salle d’orgue est un contrepoint qui rééquilibre la composition, ainsi que les volumes qui émergent du premier étage.
Matériaux et couleurs
Le socle de l’édifice est dense et compact. A l’image du plan de rez-de-chaussée (RDC), coupé par la nef, les parties nord et sud sont très condensées au niveau programmatique.
Les façades expriment cette densité par leur revêtement en brique brun ocre. Le socle du bâtiment est ainsi imposant en opposition avec la légèreté des arcs qui s’en échappent. Cette graduation est accentuée par les matériaux utilisés, des panneaux de béton matricé et de la brique à l’enduit blanc qui favorisent cette élévation vers le ciel.Le soubassement et le troisième étage sont couverts par des toitures contrairement aux parties émergentes qui sont recouvertes de zinc.
Ce matériau également utilisé en façade, ainsi que le verre en toiture, permettent de libérer ces voûtes de leur masse imposante. La nef est surplombée d’une verrière allongée, prise en étau entre deux grands arcs dont les côtés sont en partie vitrés, afin de permettre l’entrée d’un maximum de lumière dans cet espace.
La salle d’orgue en saillie du bâtiment sur la façade est et l’ensemble des parties courbes sont recouvertes de zinc prépatiné de teinte gris quartz.
Organisation et aménagement des accès
L’accès à l’auditorium se fait par la façade est, tandis que l’accès au Conservatoire se fait par l’autre côté, à savoir la façade ouest.
Des accès secondaires permettent l’entrée des artistes et les accès techniques. Ils sont situés sur les deux façades latérales, à savoir les façades nord et sud.
Sur la façade sud, un accès permet l’entrée des artistes dans la salle d’orchestre et dans le petit auditorium, ainsi qu’un accès au sous-sol dans la partie du pôle de musiques actuelles. Il offre donc une totale autonomie à ce secteur.
Une cour anglaise a été créée, afin d’éclairer les salles de pratique collective et le studio individuel et de permettre également un autre accès aux locaux techniques.
Organisation des espaces – Salles de diffusion
Les trois salles principales ouvertes au public sont situées au RDC.
La salle de diffusion, le petit auditorium, ainsi que la salle d’orchestre sont accessibles depuis le hall.
Le pôle de musiques actuelles, ainsi que les locaux techniques sont établis en sous-sol.
Au R+1 (+4.10m) se trouve le foyer haut qui permet d’accéder à la salle de diffusion, ainsi qu’au petit auditorium par une entrée secondaire. Cet espace est desservi par l’escalier central en deux volées, situé dans l’axe de la galerie. Dans la partie ouest du R+1 se situent la documentation, l’instrumentarium, la salle de réunion, une loge collective ainsi que la loge du chef d’orchestre.
Le R+2 est divisé en deux parties. La première se situe au nord de la galerie, derrière le fond de la salle de diffusion, où est placé une loge collective, ainsi qu’un espace de restauration.Dans la seconde partie, au sud, se trouvent toutes les salles de pratiques individuelles.
Au R+3, les salles de pratiques individuelles sont situées dans la partie sud. Deux passerelles passant à travers les coques et surplombant la galerie principale du RDC, permettent de traverser le bâtiment pour rejoindre, les deux salles de danse au nord, ainsi que les vestiaires et les loges individuelles.
Distribution
Trois principales colonnes distributives verticales permettent de desservir ces espaces. Le premier situé dans l’angle nord-ouest est dédié aux artistes et au personnel de la Cité de la Musique et de la Danse. Il a également une fonction de sortie de secours et peut être emprunté pour accéder aux studios de danse.
Les deux autres escaliers, accessibles depuis le hall et la galerie, distribuent tous les niveaux du bâtiment.
Un escalier magistral se trouve dans l’axe de la galerie dans le hall de l’auditorium. Un autre longe la paroi latérale de la salle de diffusion. Tous deux permettent d’accéder au R+1 dans la partie du foyer.
Les grandes dates
– septembre 2007 : lancement du concours de maîtrise d’œuvre
– novembre 2007 : le jury examine toutes les candidatures reçues. 4 projets sont retenus
– 20 février 2008 : le jury examine les 4 projets qui ont été admis à concourir et demande l’audition des deux candidats arrivés ex aequo lors du classement
– 28 février 2008 : l’Atelier GAUDIN est retenu
– mai 2012 : début des travaux
– 21 juin 2012 : cérémonie de pose de la première pierre
– 7 février 2015 : inauguration
Les acteurs du chantier
Maître d’ouvrage : Agglomération du Soissonnais
Maître d’oeuvre : Henri GAUDIN – 99 rue du Faubourg du Temple 75010 PARIS et Atelier Bruno GAUDIN – 6 Impasse Mont Louis 75011 Paris
Co-traitants : Bureau d’études : Saunier et Associés, 205 avenue Georges Clémenceau, 92024 NANTERRE CEDEX
Economiste : Cabinet RPO, 7 rue Armand Moisant, 75015 PARIS
Acousticien : Peutz et associés, 10B rue des Messageries, 75010 PARIS
Scénographe : Scène, 20 rue Doudeauville 75018 PARIS
Contrôle et coordination :
Mission CTC : Bureau Veritas 1 rue du Chemin Vert 02200 MERCIN-ET-VAUX
Mission SPS : Lemoine Ingénierie 33 Esplanade Eisenhower BP 7 51571 REIMS Cedex
Mission SSI : Prévention Incendie SARL 37A rue du Parc 21000 DIJON